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Agile, Scrum et autres réjouissances !

Ralentissons pour faire mieux

Cela fait plusieurs mois que je souhaitais écrire à propos de cette tendance qui nous pousse à toujours produire plus et plus vite. Pour tout vous dire, j’avais prévu d’intituler ce post « Ralentissons pour aller plus vite ». Je me rends compte que j’étais dans l’erreur. Il y a quelques jours, j’ai participé à un Klub Hebdo dont le sujet était « Peut-on encore être lent ? » (Émission diffusée sur France Inter). Je vous invite d’ailleurs à lire l’article de Claude Aubry, « Peut-on encore être lent dans une équipe agile ? » De mon côté, je profite de cette opportunité pour aborder ce thème par le prisme du contenu et de la qualité.

Ralentissons pour faire mieux

Que veut dire « être lent » ?

D’après l’un des participants de l’émission, être lent signifie faire moins de choses. Il s’agit pour moi d’un raccourci qui mène à une dérive trop souvent constatée, dans le domaine du développement logiciel notamment. En essayant de développer plus de fonctionnalités dans le même intervalle de temps, on va négliger la Qualité puisqu’on privilégie les dimensions Contenu, Coûts et Délais. En réalité, être lent implique de prendre davantage de temps pour faire les choses, de les faire moins vite. Prendre le temps de la réflexion avant de produire, c’est se donner une chance de les faire correctement et de ré-équilibrer la balance entre le Contenu et la Qualité. C’est d’autant plus important que le développement logiciel n’est pas un processus industriel, mais doit être appréhendé avec empirisme. Lors de ce Klub Hebdo, Jean-Pascal Boignard a eu une phrase très juste à mon sens : “Être lent, c’est faire les choses bien”.

Rechercher la frugalité logicielle

Alors effectivement cela mène à produire moins, et ce n’est pas une mauvaise chose ! Je crois qu’il faut sortir de cette course à la surproduction de fonctionnalités pour se concentrer sur ce qui apporte réellement de la valeur. Je ne pense pas qu’il soit judicieux de passer des semaines à développer, en urgence, une application qui permette aux utilisateurs d’économiser un clic de souris… J’ai vu ça il n’y a pas si longtemps. Dans son livre « Story Mapping », Jeff Patton explique : « Il y a toujours plus à créer qu’il n’y a de personnes disponibles, de temps et d’argent à y consacrer. ». On s’est habitué, avec des nouvelles technologies de plus en plus performantes, à avoir toujours plus et plus vite. J’y vois plutôt une occasion de revenir à des logiciels plus frugaux, plus utiles et plus facilement maintenables car mieux faits. Pour y parvenir il faut faire des (bons) choix et c’est en cela que réside un des défis du Product Owner.

Retrouver le sens du travail collectif

Il m’est arrivé de discuter de pair programing ou de mob programing avec d’autres développeurs ou des managers. Pour partie d’entre eux, ces pratiques représentent une perte de temps dans la mesure où plusieurs personnes travaillent en même temps sur la même tâche. Je suis en total désaccord avec cette opinion. Travailler ensemble sur un sujet commun représente pour moi la quintessence du travail d’équipe dans la mesure où cela multiplient les interactions et les échanges entre les personnes. De cela naît la richesse d’une équipe. D’autre part, accomplir ensemble des travaux de bonne qualité amène énormément de satisfaction en augmentant l’empathie et la sympathie au sein de l’équipe, tout en améliorant le transfert des connaissances. A ce titre, je considère que la valeur d’un logiciel ne réside pas seulement dans la somme de ses fonctionnalités mais aussi dans la richesse de l’équipe qui les développe et qui les maintient.

Prendre du temps et du plaisir

Il est également judicieux de prendre des temps de réflexion personnelle et collective. Avec Scrum, il existe un temps dédié à l’inspection collective, la rétrospective de sprint, mais il ne faut pas négliger l’introspection individuelle que permettent notamment des plannings non surchargés. Ces temps pris ne sont jamais perdus car ils favorisent l’émergence de nouvelles opportunités. Ils permettent l’innovation à tout niveau de la chaine de production. Et s’il est important de prendre le temps de bien faire les choses, il est primordial d’y prendre du plaisir. Nous oublions trop souvent cette composante dans le travail.